Pavel Dourov, co-fondateur de Telegram, s’est exprimé publiquement après son interpellation fin août à l’aéroport du Bourget. L'entrepreneur franco-russe, interrogé dans le cadre d'une enquête judiciaire en France, fustige la manière dont les autorités françaises traitent les innovateurs et les nouvelles technologies.
Dourov a été entendu pendant 90 heures par l'Office national antifraude (Onaf) dans une affaire de complicité concernant plusieurs infractions, allant de la détention d'images à caractère pédopornographique à l'escroquerie en bande organisée. "Accuser un PDG pour les actions d’utilisateurs tiers sur une plateforme est une approche dépassée", a-t-il déclaré, en critiquant l’utilisation de lois "de l'ère pré-smartphone" pour justifier son arrestation.
Accusations controversées et défense musclée
Les accusations portées contre Dourov touchent à l’utilisation de Telegram par des réseaux criminels. L'entrepreneur souligne que de nombreux services sont aussi utilisés à mauvais escient. "Pourquoi les PDG de constructeurs automobiles ne sont-ils pas arrêtés parce que des criminels utilisent leurs voitures?", ironise-t-il.
Dourov assure que Telegram a toujours coopéré avec les autorités européennes et qu’il y a un représentant officiel de la plateforme dans l'UE pour répondre aux demandes des régulateurs. Selon lui, aucune sollicitation n’avait été faite à ce sujet par les autorités françaises avant son interpellation.
Principes intangibles et lignes rouges
Lors de sa déclaration, Dourov a fermement réaffirmé les valeurs de Telegram, en évoquant notamment son refus de céder aux exigences de la Russie pour surveiller ses utilisateurs. "Nous sommes prêts à quitter les marchés qui ne respectent pas nos principes", a-t-il insisté. Telegram, qui compte des millions d’utilisateurs, se veut un espace sécurisé et privé, tout en étant ouvert au dialogue avec les régulateurs.
L'affaire Dourov met en lumière la tension entre protection des libertés individuelles et sécurité nationale. Le fondateur de Telegram reste déterminé à défendre ses convictions, quitte à voir la plateforme confrontée à de nouveaux défis judiciaires.